Elles et ils sont ces « gens de rien » … Ces « rien » qui font tout depuis plusieurs semaines, permettant à une population confinée de tenir le fil du quotidien.
Livreurs, chauffeurs, éboueurs, caissières, auxiliaires de vie, agents de service hospitalier, précaires, mal payé.es, déconsidéré.es, ignoré.es. Les voilà en seconde ligne, exposé.es, rejoignant dans l’utilité sociale et le sacrifice, les médecins, le personnel soignant ou autres agents des services publics.
Alors un constat nous saute à la face : dans notre société, celle d’avant, dit Macron, la reconnaissance, le prestige, la rémunération sont inversement proportionnels à l’utilité sociale. Cette injustice est même renforcée par la question du genre, puisque ces métiers si importants concentrent beaucoup de femmes, victimes d’une inégalité salariale généralisée.
Cette aberration sociale a une cause : l’instauration de longue date, d’un rapport de force, fruit d’une domination, du pouvoir des mieux payé.es.
Le « jour d’après », il nous faudra cesser d’applaudir et faire cesser cette divergence entre la création de valeurs pour la société et l’échelle des rémunérations. Cela permettrait de répondre aux revendications salariales du milieu hospitalier, de valoriser et protéger les précaires, de faire cesser les rémunérations exorbitantes de grands dirigeants et autres actionnaires.
Repenser une telle hiérarchie des rémunérations intégrant des critères d’utilité sociale et environnementale pourrait même se conjuguer avec l’instauration d’un salaire plancher et plafond.
Le faire c’est aussi repenser l’utilité des métiers dans un monde confronté à l’effondrement possible de notre civilisation. Des financiers en moins et des soignants en plus, des traders en moins et des préservateurs de la planète en plus… Le monde de demain a besoin de contacts humains, de soins, de culture, d’éducation, d’emplois tournés vers la préservation des espèces et de la planète.
Renversons l’échelle de la reconnaissance, de la rémunération des métiers… Indispensable aussi pour cette jeunesse en quête de sens.