C’est quoi un confiné… un corps et un esprit dissociés, l’un prisonnier l’autre vagabond… Et du temps disponible pour nourrir ce vagabond intérieur afin de tracer les chemins de l’après coronavirus.
De tout ce temps obligé, nous voulons profiter. Et nous ne faisons pas grand-chose, empêché par l’angoisse pour les proches… Et ce compteur inlassable des décès au risque de les déshumaniser.
Alors, nous cherchons nos héros, ça rassure un héros. Elles et ils sont là et depuis longtemps, blouses blanches et yeux cernés.
Déjà épuisé.es par le dénuement de l’hôpital, elles et ils sortiront affaibli.es, amoindri.es physiquement et moralement. Certain.es auront été sacrifié.es. Les soignant.es, qui sont sur la ligne de front, auront vécu des situations terribles. On leur demande de faire des choix inimaginés, notamment celui de « prioriser » les malades. Il y a une violence extrême de cette situation, alors même qu’elles et qu’ils sont habitué.es à la mort et à l’urgence.
Elles et ils, ces héros meurtris, sont notre protection et notre espoir. Alors à 20h sur les balcons, à la fenêtre d’un monde auquel il n’a plus accès, le peuple de France les applaudit, les remercie.
Peut-on applaudir des sacrifié.es, je vous laisse juge. Une chose est certaine, ces applaudissements ne trouvent leur sens que dans l’engagement qui les accompagnent. Quitter nos balcons demain pour la rue et la manifestation d’une exigence, celle d’un plan massif pour la santé et l’hôpital public, pour la reconnaissance des soignant.es en euros et non en poignée de mains.
Le Président de la République martèle vouloir « sauver des vies quoi qu’il en coûte » et que « la santé n’a pas de prix ». Aux actes… maintenant.