Depuis le 1er septembre, l’aide au soutien scolaire nouvelle formule est entrée en vigueur. En plus d’être élargie aux bénéficiaires des CMCAS des pays d’outre-mer, la prise en charge financière est désormais possible, quel que soit le prestataire (agréé) choisi. Une démarche vraiment équitable ?
En 2017, une convention de trois ans est signée entre les Activités Sociales de l’énergie et le prestataire Domicours. Celle-ci stipule que seuls les agents des Industries électriques et gazières ayant signé un contrat avec ce prestataire peuvent bénéficier d’une aide financière pour le soutien scolaire de leurs enfants. Si la démarche semble a priori louable, les limites du dispositif ne tardent pas à apparaître. Difficulté de maillage du territoire, “pénurie de professeurs” et absence totale dans les pays d’outre-mer (POM), avec Domicours, l’iniquité de traitement, pour “les oubliés, les trop loin de Paris…”, sonnait comme une injustice à réparer.
“Domicours ne couvrait pas toutes les zones”
“Avec ce seul prestataire, nous n’arrivions pas à répondre favorablement aux familles, alors que notre préoccupation est bien de faire évoluer les offres selon les attentes des bénéficiaires, explique Valérie Thuderoz, secrétaire générale du Comité de coordination des CMCAS. En effet, Domicours ne couvrait pas toutes les zones, notamment rurales ou excentrées des grandes agglomérations, sans parler des POM. Or, pour les Activités Sociales, il s’agit bien de proposer une offre de qualité et équitable. Et là, nous étions en contradiction.”
Depuis le 1er septembre, selon les mêmes barèmes (39 euros par enfant pour un soutien scolaire en ligne et 700 euros maximum par an pour des cours à domicile), le nouveau dispositif, basé sur le coefficient social, élargit donc le champ des possibles et des frontières, à travers le libre choix des prestataires pour les bénéficiaires. Une mesure saluée, à plus d’un titre, par Pierre Blezes, président de la CMCAS Martinique, où près de 170 dossiers d’aide ont été pris en charge en 2018.
Financer le privé, bonne ou mauvaise idée ?
“Jusqu’à présent, on était obligé d’avoir recours à Prof Express qui ne proposait que des cours en ligne. Et le souci, c’est que l’on fonctionnait en autonomie, puisque tout était pris en charge par la CMCAS. Avec ce nouveau système, ‘on resserre les liens’. Car, en outremer, nous avons du mal à faire partager ou à mettre en place les droits et les aides proposés par les Activités Sociales, de par notre éloignement géographique de la métropole.”
Aussi vertueuse soit-elle, cette aide individuelle a pourtant de quoi interpeller. Est-ce réellement la vocation des Activités Sociales de financer en partie le soutien scolaire des ayants droit et de donner du crédit à un marché en plein essor, fort juteux pour les prestataires ? Et ce, alors que certaines CMCAS, comme celle de Nice, organisent des séjours de préparation aux examens dans la proximité, basés sur le lien social ?
C’est vous qui le dites !
“Qui va nous garantir la qualité de service des autres prestataires ?”
Aline Meran Login, 38 ans, technicienne principale Haute Tension, EDF Martinique, CMCAS Martinique
“Mes deux enfants de 13 et 17 ans bénéficient des services de Prof Express depuis bientôt quatre ans. Ils en sont satisfaits, autant que moi d’ailleurs. Alors, j’hésite à me prononcer sur le nouveau système proposé par les Activités Sociales. Car, jusqu’à présent, la prise en charge de la CMCAS était totale, ce qui était fort appréciable. Certes, nous aurons dorénavant plus de liberté de choix, mais qui va nous garantir la qualité de service des autres prestataires ? Avec Prof Express, j’avais l’impression qu’une certaine synergie entre les deux parties fonctionnait.”
“Ce nouveau dispositif nous sera bénéfique”
Sofia Benzaïd, 40 ans, éducatrice spécialisée, CMCAS Dauphiné Pays de Rhône
“Je ne peux qu’approuver la démarche ! Et l’initiative originelle d’ailleurs. Je suis agréablement surprise de pouvoir bénéficier d’une aide financière pour le soutien scolaire de mes deux filles de 9 et 14 ans. Cela dit, que de désillusions ! En vacances à la CCAS, une famille m’avait loué les vertus de Domicours. Or, pour ma part, l’expérience s’est soldée par un échec.
Six mois d’attente depuis janvier dernier, aucune info ni de leur part, ni de la part de ma CMCAS, et, au final, aucune prestation, alors que mon dossier était accepté. Sans polémiquer, je trouve qu’il y a eu des failles de part et d’autre, notamment sur le plan humain. Alors, oui, je pense que ce nouveau dispositif, plus équitable à mon sens, nous sera bénéfique.”
Bon à savoir
En 2018, en métropole, 916 ouvrants droit ont bénéficié de l’aide au soutien scolaire à domicile et 296 du soutien en ligne.